« Jour de colère que celui-ci
Il faudra mieux ne pas être là »
Les frères Jacques
Parmi les archétypes de l’architecture, l’arche du déluge est un passage obligé. Dans la genèse, Dieu dit à Noé : « fais-toi une arche en bois résineux, tu la feras en roseaux et tu l’enduiras de bitume en dedans et en dehors. Voici comment tu la feras : trois cents coudées pour la longueur de l’arche, cinquante coudées pour sa largeur, trente coudées pour sa hauteur. Tu feras à l’arche un toit et tu l’achèveras une coudée plus haut, tu placeras l’entrée de l’arche sur le côté, tu feras un premier, un second et un troisième étage. » Le programme architectural est donc vaste puisqu’il s’agit d’abriter tous les animaux de la création, mais il est précis dans ses dimensions. Un peu plus loin dans le texte, il est fait état de niches pour y contenir chaque espèce. Le dessin tient rigoureusement compte de ces dimensions, mais les innombrables représentations de l’arche à travers l’histoire démontrent qu’il aurait très bien pu être totalement différent.
J’adhère à la remarque que fait Claudio MAGRIS dans « Microcosmes » : « Je n’ai jamais très bien compris cette histoire de déluge… Si c’était à cause des péchés du monde, autant fallait-il en finir une bonne fois pour toutes, pourquoi détruire pour ensuite recommencer ? Les choses ne sont pas allées mieux, après ; bien au contraire, massacres et cruautés à qui mieux mieux, et pourtant plus de déluges, et même la promesse de ne pas extirper de la terre la vie.
Mais pourquoi tant de compassion pour les assassins venus par la suite et aucune pour ceux du début, tous noyés comme des rats ? »
Dessiner l’arche ne correspond à aucun hommage, sauf peut-être celui de notre première désillusion.
Retour au début